DS 19 de 1955 Chassis n.32

LA PLUS ANCIENNE DS COMMERCIALISEE CONNUE A CE JOUR

KM : 69082 Kms
ANNEE: 12/1955
COULEUR : Aubergine AC406

MODELE :

Le génie de cette voiture est de sortir dès 1955 équipée de toutes ces innovations techniques :

  1. La suspension hydropneumatique avec correction d’assiette, quelle que soit la charge.
  2. La direction assistée, rarissime à l’époque.
  3. La boite et l’embrayage assistés à commande hydraulique (4 vitesses au volant, pas de pédale d’embrayage).
  4. Freins à disques à l’avant, première mondiale sur une voiture de grande série. De plus, le freinage est assisté et réparti en fonction de la charge.

La carrosserie et l’intérieur sont tout aussi révolutionnaires :

  1. Aérodynamique : Pas de calandre, carénage total sous la voiture.
  2. Visibilité : Une surface vitrée sans égal, à l’époque comme aujourd’hui.
  3. Habitabilité: De la place pour les jambes à l’arrière.
  4. Confort: Sièges-couchette et tapis Dunlopillo exceptionnels. Un vrai chauffage, à l’avant comme à l’arrière.
  5. Equipements de sécurité: volant mono-branche, tableau de bord futuriste en plastique, frein de parking au pied.
  6. La fixation des roues par un seul écrou central est une nouveauté.

Par contre, le moteur est un classique 4 cylindres de 1 911 cm3 à 3 paliers dérivé de la Traction, 75 Ch SAE à 4 500 tr/mn, conservé jusqu’en 1961.

Cette DS possède le numéro de série 32, qui correspond à la 32 ème DS commandée.
Son numéro de coque est le 61, qui correspond à la 61 ème DS sortie des chaines.
Le décalage entre ces 2 chiffres est dû à l’organisation à l’usine en fonction des couleurs.

Elle possède de nombreux détails qui la différencient des quelques 1 455 000 DS construites. L’évolution a été permanente durant les 20 années de production, voici les premiers détails les plus visibles :

  1. Les chaînes de montage n’apparaissent qu’en février 1956. Cette DS est donc entièrement assemblée à la main. Ainsi, la plupart de ses éléments mécaniques et de carrosserie ont été numérotés par frappe.
  2. Tout comme les quelques 200 premières, elle ne possède pas de commande de hauteur (apparition en février 1956). Donc, pas de téton de cric sur les longerons, pas de trou dans les habillages de longerons. Le changement de roue se fait avec un cric traditionnel.
  3. La serrure est installée sur la porte avant droite (absente sur celle de gauche), tout comme les Tractions, jusqu’en mai 1956. Pas très pratique !
  4. Le volant est enveloppé d’un fil de vinyle pour devenir gainé d’un ruban en avril 1957.
  5. Les tôles gaufrées de la jupe avant sont montées jusqu’à mai 1957.
  6. L’échappement est central et se termine par un enjoliveur dit « queue de carpe », jusqu’en février 1958.
  7. L’enjoliveur de catadioptre sur l’aile arrière a un filet rouge, jusqu’à mai 1958.

Production pour l’année 1955 : 175 voitures.
Prix à l’époque : 930 000 anciens Francs = 1 417 Euros.
SMIG : 21 839 anciens Francs = 33 euros.

    HISTORIQUE :

    6 octobre 1955 : Dès les premières minutes de l’ouverture du salon, le directeur de la fonderie de Bourg les Valence est le 32eme à commander une DS. 12 000 commandes fermes sur toute la France sont enregistrées le premier jour, 80 000 le temps du salon. La chaine de montage ne commencera à tourner qu’en novembre. La n°32 est livrée le 19 décembre 1955 par la concession Minodier de Valence, sous l’immatriculation 634 BW 26 qu’elle va conserver durant toute son histoire (voir copie des archives de la préfecture).

     Après un an et demi d’utilisation et de nombreux problèmes hydrauliques, elle est reprise le 21 juin 1957 par le garage Minodier avec 10 000 kilomètres au compteur. M.Savel, alors mécanicien, prépare la DS une 2eme fois pour la vente.

    En juin 1958, M. Maisonny, épicier à Valence, passe commande d’une 2CV camionnette. A cette époque, il était courant d’attendre plusieurs années pour obtenir une 2CV neuve. Pour bénéficier d’un délai d’attente réduit, il était conseillé d’acheter en sus une occasion. Il reprend donc la n° 32 qui traine depuis un an dans la concession. Il va la destiner aux loisirs et aux grandes vacances passées dans le Var. Le reste du temps, elle sera toujours garée dans un box.

    En 1970, la DS affiche 32 000 km. M. Maisonny se décide d’acheter la nouvelle GS. Ces premières GS étaient très attendues, les clients faisaient la queue pour passer commande. Citroën-Valence ne lui propose que 100 francs de reprise pour cette vieille DS sans intérêt. Notre épicier offusqué décline l’offre. Il n’utilisera plus jamais l’auto, jusqu’à ce qu’il décide de vendre le local. En mars 1984, Il demande au concessionnaire de Valence, Mr Galeris, de lui trouver un acheteur pour la DS. 

    A cette époque, Mr Kaminski, ancien directeur de la succursale de Lyon, venait de reprendre la concession de Romans. Il avait fait le trajet en Traction 15/6, ce qui avait attiré l’attention de son confrère Mr Galeris. Ce dernier pense alors à le mettre en contact avec M. Maisonny. L’affaire se fait pour la somme de 14 000 Francs.

    Kaminski règle les problèmes de fuite dus à l’immobilisation et lui refait une peinture complète, pour l’exposer aux côtés d’une SM dans son garage du centre de Romans. Par erreur, il la repeint en noir, alors que sa couleur d’origine était Aubergine.

    Ayant appris l’existence de cette DS en 1985, je me rends à cette ancienne concession, mais Mr Kaminski n’est pas vendeur. Je reviens en lui proposant un échange avec mon cabriolet de l’époque. Le refus est moins catégorique, il prend mes coordonnées téléphoniques. L’été 1991, je travaille en Norvège, son appel sur mon fixe reste sans réponse. Et c’est un hollandais, Martin Boersma, qui ramène la DS par la route jusqu’à Eindhoven. Lui aussi avait une DS cabriolet qu’il a vendu pour s’offrir cette perle (140 000 francs).

    A l’automne 1991, je ferme mon restaurant à Oslo et passe par Romans. Seule la SM est en vitrine. Je contacte Martin qui m’explique avoir ouvert un musée réunissant des milliers de DS miniatures et cette seule DS. Il ne la fera plus jamais rouler et elle n’était pas à vendre.

    En décembre 2004, Martin m’appelle, il est décidé à la vendre. Je la ramène sur plateau dans son pays d’origine, ce sera mon plus beau cadeau de Noël. Je devenais le 4eme et dernier propriétaire.

    Pour mon bonheur, elle ne fut jamais enregistrée en Hollande et conservera son immatriculation du premier jour. Après cette longue période d’immobilisation, la mécanique était bloquée. J’ai dû tout reprendre en vue de l’essai sur route réalisé en mars 2005 par l’Auto-Journal pour les 50 ans de la DS (ci-joint). Depuis, je la révise et la sors chaque automne à la fermeture du musée. Enfin, pour les 70 ans de la DS, elle retrouve sa couleur Aubergine du premier jour.

    Le cric des premières DS

    En l’absence de commande manuelle de hauteur, le changement de roue s’effectue de façon classique (style 2CV), en plaçant le bras de ce cric dans un des 4 carrés de la caisse prévus à cet effet. Ces derniers ont d’ailleurs existé jusqu’à la fin de la production. Leur présence était utile en atelier, car on pouvait y placer une rallonge qui servait de point d’appui pour soulever la DS.

    La commande manuelle de hauteur apparaît en février 1956, donc peu de voiture ont été munies de ce cric, on en connaît 3 aujourd’hui, la n°191 de Mr TAFFIN, la ELV 31 et la 32.

    Il se rangeait sur l’aile avant droite, une patte sur le porte bidon et un carré permettaient sa fixation. Michel LEFEBVRE du bureau d’étude de l’époque m’a signalé une anecdote à ce sujet. Lors d’un essai sur une EL, ce cric était tombé de son emplacement pour venir bloquer la barre de direction. Il avait signalé ce problème et fait placer (sur les modèles à commande de hauteur) la barre et sa manivelle sous la roue de secours.