SORTIE DE GARAGE:
La sortie de garage de cette DS de 1958 n’a pas été de tout repos. Après une immobilisation de plusieurs décennies, les freins avant étaient bloqués. Par expérience, la solution la plus simple est de dévisser les 6 vis de chaque cardan pour libérer les roues des disques. Le peu de place pour travailler et le fait que nous étions plusieurs, nous optons pour pousser l’auto sur le plateau. Celui-ci est équipé de 2 treuils, ce qui va faciliter l’opération. Et c’est non sans mal que l’auto va quitter le local où elle a toujours séjourné.
LE CHANTIER:
Au moment de l’acquisition d’une DS en liquide rouge longtemps immobilisée, il faut bien être conscient que tous les organes du système hydraulique seront à revoir. Si le LHM est le liquide parfait, le LHS ne fait aucun cadeau. A un point tel que même une pièce neuve doit être entièrement démontée, afin d’éliminer le vieux liquide rouge qui colle les pièces entre elles. Avec le temps, il a tendance à se cristalliser au point de déformer les joints.
Lors de l’achat de cette DS 19 de 1958, je savais le travail qui m’attendait. J’ai surtout acheté une caisse absente de corrosion, un très bel intérieur et une carrosserie d’origine. Je savais que la mécanique devait être entièrement déposée pour tout revoir en même temps. Suivront donc plusieurs épisodes de la remise en état de cette DS. Plus de 600 heures étalées sur 6 mois avant d’effectuer les premiers tours de roue.
EPISODE 1
Arrivée à l’atelier.
Etat des lieux : Le liquide de refroidissement a fait des dégâts.
Dépose de la culasse.
Dépose du bloc moteur-boite.
Désaccouplage de la boite.
Nettoyage du carter inférieur.
Remontage du moteur.
Accouplage moteur-boite.
Opérations à réaliser avant la repose du groupe, par facilité d’accès :
1.Changement du robinet de chauffage.
2.Graissage de l’axe d’accélérateur.
3. Dépose et révision du bloc hydraulique.
Pour accéder aux 2 écrous de 12 côté habitacle tenant le bloc, il faut déposer le tableau de bord. Le plus délicat est l’accès à l’écrou de 13 tenant le rétroviseur. Une toute petite clé à cliquet articulée conviendra.
Repose du groupe moteur-boite.
Travaux périphériques :
Révision de la dynamo : Nettoyage du rotor, changement d’un fil dégradé.
Nettoyage du répartiteur de pression (appelé l’Harmonica).
Remise en état des étriers de frein (Voir tutoriel dans la rubrique « Atelier »).
Conduits de refroidissement de freins à disque : Nettoyage + collage des 6 feutrines anti-bruit.
Nettoyage du collecteur d’air.
Remise en état de la traverse de boite de vitesse.
Nettoyage et remise en état des périphériques.
Remise en état des cardans.
Changement des Bibax : Perçage des collerettes et chasse des douilles.
Ouverture des entraineurs.
Changement des Bibax.
Graissage et remontage des entraineurs sur cardan.
Changement des soufflets.
EPISODE 2
Nettoyage des correcteurs de hauteur :
Après dépose des 2 correcteurs, leur nettoyage doit être complet. Il faut donc tout démonter, y compris les 16 pièces du Dash-pot, souvent oubliées ou inconnues, car n’apparaissant nulle part dans les manuels d’atelier ou les catalogues de pièces détachées. Sans cette opération, en cas d’obturation, le correcteur de hauteur ne pourra fonctionner comme il se doit : Il sera trop sensible à chaque débattement de roue, le tiroir sera en permanence en admission et en retour, les membranes vont s’expandre, jusqu’à la fuite extérieure. Toutes ces pièces doivent être nettoyées à l’acétone (ou à l’alcool à 90 °) avant remontage.
EPISODE 3
Les cylindres de suspension.
Leur remise en état est simple. Pour repartir avec un circuit hydraulique propre, il convient de nettoyer les 4 cylindres, surtout si l’on conserve les cafetières arrière qui peuvent contenir quelques décilitres de LHS à elles seules. Après des années de non utilisation, le liquide se transforme en une boue immonde.
Si l’on change de cafetières, pas de problème particulier, à condition d’utiliser les colliers Ligarex (pas de Serflex) qui ne blesseront pas la membrane. Ne pas oublier de placer une toile sous le collier intérieur, comme à l’origine, afin de ne pas blesser la cafetière. Puis retourner la cafetière, prête à être reposée sur le cylindre.
L’étanchéité des cylindres de suspension conditionne la durée des temps de conjonction/disjonction. Leur passage au banc permet de vérifier la tenue en pression dans le temps. Si la pression n’est pas suffisante, leur remise en état passe par le changement des 3 pièces que constituent le kit appelé PAM (Prêt à monter) : Joint d’étanchéité, rondelle feutre et coupelle de cylindre.
Sans kit PAM complet, il faudra changer a minima le joint d’étanchéité D 434-94a. Si la coupelle a souffert à la dépose, il est possible de la redresser avec une douille et un marteau.
Avant la repose du piston dans le cylindre, bien nettoyer l’intérieur du piston et le lubrifier avec un peu de LHS.
A la repose des cylindres de suspension arrière, ne pas oublier de graisser la bille de tige de piston. Ceci afin d’éviter un bruit sec à chaque remise en position route.
EPISODE 4
Le réservoir.
La dépose de la banquette arrière et de la tôle de réservoir ne pose pas de problème particulier.
Ensuite, on enlève les 3 vis de fixation de la jauge pour constater l’état intérieur du réservoir (Photo 1). En passant un doigt dans l’orifice, on peut constater l’état d’oxydation de la partie supérieure interne du réservoir. Si elle est altérée, il faudra déposer le réservoir. Quant à la jauge, elle peut être sauvée en la nettoyant à l’acide nitrique.
Afin de faciliter la dépose du réservoir, vidanger le réservoir par le trou de jauge en utilisant une pompe à main, ce qui évitera de répandre de l’essence de partout (photo 2). Le passage d’une lampe par le trou de jauge donnera un état des lieux plus prècis.
La dépose du bouchon de vidange vient parfaire la vidange avec un minimum de perte de carburant. Suivant son état, un nettoyage à l’acide nitrique peut permettre de retrouver son état d’origine et sa fonction de filtre (3 et 4).
Retirer du réservoir le tuyau Rilsan d’alimentation et son manchon caoutchouc par le côté extérieur du longeron droit (après dépose des tôles de bas de caisse).
Procéder à la dépose de la durite de remplissage, du manchon de mise à l’air, des 2 sangles et des 4 cales caoutchouc. Le réservoir s’extrait facilement en biais (5). On en profite pour nettoyer le compartiment (6).
Suivant son état de dégradation, le réservoir peut être changé ou traité au Restom. Avant de le reposer, il convient de redresser les pattes des cales caoutchouc : En utilisant 2 tournevis, on arrive à les plaquer contre le compartiment. La repose en sera facilitée (7).
Après traitement ou échange du réservoir, monter la jauge avec un joint neuf, ceci afin d’éviter les fuites et les odeurs d’essence dans l’habitacle, surtout après avoir effectué le plein. Recoller les 2 bandes de tissu de protection (8). Le réservoir est prêt à la repose (9).
La fixation des 2 sangles de maintien par les 2 vis cruciformes ne peut se faire que si le réservoir est à sa place exacte (10). Puis retourner les pattes sur leurs cales caoutchouc (11).
Le point le plus délicat est le passage du tuyau Rilsan dans la canalisation du réservoir jusqu’à ce qu’il ressorte par-dessous au niveau du fond du bouchon de vidange. Le graisser pour faciliter son passage. Une astuce est de rentrer un fil en cuivre suffisamment replié dans le tuyau Rilsan (12), puis de passer l’autre extrémité dans la canalisation du réservoir (13). Le faire ressortir par-dessous (14), ce qui permet de guider le tuyau dans la canalisation (15) tout en tirant gentiment sur le fil par dessous. Le tuyau doit apparaitre sous le réservoir (16). Revisser le bouchon de vidange.
Enfin, bien remettre le manchon caoutchouc sur la canalisation du réservoir (17), ce qui évitera les odeurs d’essence dans l’habitacle.
Reposer la durite de remplissage et celle de mise à l’air, ainsi que les fils de jauge (18).
Il ne reste plus qu’à remonter la tôle de fermeture et remettre le siège en place.